Recycleur Inspiration Vision
Premier Contact 

26 juin/2 juillet 2006

Je prend pension chez Atoll à Marseille, là où j'avais fait mon premier stage Inspiration Classic, pour une semaine. Anne m'a promis que je pourrai utiliser mon recycleur : il y a un moniteur recycleur, de l'oxygène et de la chaux sodée, craché juré !

Faute d'avoir reçu mon bloc alu, j'ai amené un petit bloc acier de 6l (poids 10.8kg gonflé,  avec robinetterie) emprunté à mon club le CMA d'Aubervilliers pour accrocher sous le bras gauche : plein, son poids apparent est important, et il aura une forte tendance à me déséquilibrer.

Une fois sur  place les choses se compliquent : point de moniteur, point d'oxygène, point de chaux sodée ! On me balade un peu en me disant que tout est pour demain, que le moniteur a été retardé, que la livraison d'oxygène va arriver, ... C'est pas bien !

En attendant je plonge à l'air ou au Nitrox. Il faut reconnaître que l'installation de gonflage nitrox d'Atoll est performante, et que plonger au nitrox n'est pas plus contraignant que de plonger à l'air. Il y a quelques bons plongeurs, salut Vincent, salut Polo, salut Gustave, qui n'hésitent pas à emporter un bloc de déco et que la profondeur n'effraie pas ...

Au bout de trois jours à attendre je comprend que la situation est sans issue. Rien à attendre d'Atoll. Bref, démerdum.

Heureusement mon amis Serge Cézarano m'adresse à Serge Xilenef patron du GRASM (Groupe recherche archéologie sous marine, émanation de la FFESSM), situé au bout de l'impasse "rue de l'anse du Pharo".

 

Et là le bonheur, hélium, oxygène plongée (si si), chaux sodée (DiveSorb distribuée par Aqualung en France, 38€ le bidon de 4,5kg) ... tout ce qu'il me faut.

 

L'installation de gonflage du GRASM est en cours de modification et le nouveau booster Haskell n'est pas opérationnel. Serge Xilenef va devoir gonfler ma bouteille O2 vide par transfert direct à partir d'une B50 d'oxygène presque neuve ... Serge se montre très très prudent et procède à un gonflage très lent et précautionneux du bloc. On sent que ce n'est pas de la rigolade. Et malgré ce gonflage lent, une fois arrivé à l'équilibre, vers 150 bars, mon bloc est brulant et il faut le refroidir en l'aspergeant longuement d'eau fraiche.

De retour chez Atoll j'annonce triomphalement que j'ai tout ce dont j'ai besoin, et je m'inscrit pour une plongée le lendemain à faible profondeur.

 

Jeudi 29 juin 2006 au matin

Cette plongée est une grande première. Pour la première fois j'utilise mon propre matériel, pour la première fois sans encadrement, en structure commerciale, au milieu de plongeurs classiques  ... je ne suis pas inquiet, mais je prépare très soigneusement mon matériel.

Le matin à cet effet, je ne plonge pas.

Pour utiliser l'engin je dois me procurer les plombs ad-hoc, et il m'en faut beaucoup : 18 kg ! 

Il fait chaud, mais il y a eu du mauvais temps récemment et l'eau est encore froide en profondeur. Je ne met pas ma combinaison étanche mais une deux pièces humide de 7mm. Je décide de garder le même lestage, tant pis je serai un peu lourd.

Atoll à une grande variété de plombs de toutes formes ... je n'ai pas de difficulté à trouver les 18 kg mais les poches à plomb largables sont inutilisables avec ces plombs hétérogènes. Comme avec Aldo je mets des plombs en vrac dans les poches de la stab (5kg à gauche, 6kg à droite pour compenser un peu le poids du pony). Les poches sont fermées par un simple rabat à velcro ... pas très sécurisant, j'éviterai de faire un canard. Ensuite 2x2 Kg dans la poche en haut du recycleur, et deux poches de 1 et 2kg de grenaille de plomb à l'intérieur du recycleur, soit 18kg environ, car le poids de ces plombs hétérogènes n'est pas toujours mentionné.

Je fais le plein de chaux sodée, de la DiveSorb, ce n'est pas celle recommandée par APD ... j'espère que ça ira.

Je monte le recycleur, je fais les tests d'étanchéité par dépression et surpression de la boucle respiratoire. Ne pas oublier de fermer la soupape de surpression des poumons (position pre-dive).

Je calibre l'appareil ... ici plus besoin de rentrer à la main la pression atmosphérique, c'est automatique !

Autotest des batteries, autotest des capteurs O2, calibration des capteurs ...  etc.

Tout est OK, j'éteint l'ordinateur, la machine est prête.

Je prépare m'a bouteille de secours ... surprise elle a servi ! Quelqu'un l'a utilisé comme bloc de déco et elle contient maintenant du nitrox 40 ! Pas grave ... je fait compléter le gonflage à l'air (il y a 6€ de supplément pour un gonflage Nitrox).

Ok, tout est prêt, je suis prêt.

 

Jeudi 29 juin 2006 après-midi

 

L'après midi je me joint à une palanquée de niveau 2 .. 25m maxi.

Briefing de Fred.

Le matériel et nous sommes convoyés en camionnette jusqu'au port ou trois gros pneumatiques nous attendent.

Nous chargeons le matériel à bord, et en route. La mer est belle, il n'y a ni vent ni courant, il fait un beau soleil .... des conditions idéales quoi !

Arrivé sur le site, le premier problème est de mettre le recycleur. Le mieux est de le poser en équilibre sur le boudin, il est déjà lesté de 7 kg de plomb, c'est lourd ! Ensuite passer les bretelles ... pas du tout facile sans aide. Ensuite ajuster les sangles, il faut se mettre debout. Ensuite attacher l'ordinateur au poignet droit : pas facile d'attacher les deux sangles.

Arrivé à ce point je me sent complètement engoncé. Le gros tuyau annelé autour du cou cache la vue. C'est au jugé et avec beaucoup de difficulté que je mets les 5+6kg de plomb dans les poches de la stab.

J'accroche une petite lampe torche et un parachute aux anneaux.

Ensuite il me reste à accrocher le bloc de secours sous le bras gauche, et là encore c'est la galère. J'y vais au jugé, c'est pas facile. Heureusement on m'aide un peu.

Reste à allumer l'ordinateur, et à suivre la procédure ... tout ça sous un soleil de plomb, c'est peu dire que je transpire.

 

Première plongée

Sur Uwatec

Ordi Vision

Pour ne pas descendre trop profond pour cette plongée de réglage, je me joins à une palanquée : moniteur (Marius) + niveau 1.

Chez Atoll les moniteurs n'ont pas la qualification recycleur, on me demande donc de briefer Marius sur les procédures de sécurité. Je n'en vois que deux à priori : vérifier les fuites à 5m et fermer l'embout en cas de lâcher de celui-ci. Pour le reste je présente rapidement la stab de l'appareil pour une remontée assistée éventuelle. Le risque principal étant la perte de conscience pour une raison ou une autre suivie de noyade.

En route.

Arrivée sur le lieu de plongée il faut finir de s'équiper.

Je pose le recycleur (40 kg environ ?) en équilibre sur le boudin, je remplis les poches de la stab de plomb avant de capeler (5+6kg=11kg). Une fois le recycleur sur le dos on a une très mauvaise visibilité de sa partie inférieure masquée par les faux poumons et le gros tuyau annelé : c'est quasi impossible de mettre en place les plombs sans se faire aider. Pour capeler le recycleur on s'assoit sur le boudin du pneu, on passe le bras gauche dans la forêt de câbles, puis le coude droit à travers plusieurs sangles ... ce n'est pas si facile. En tout état de cause un petit coup de main est le bienvenu ne serais-ce que pour assurer l'engin pendant que vous capelez, et pour guider le deuxième bras (coude).

Vous accrochez et ajustez les sangles ventrale et abdominale. Vous tirez au maximum les deux grosses sangles latérales. Vous tirez à fond les sangles qui tiennent les vessies respiratoires.  Ce n'est pas trop difficile, sauf qu'il vaut mieux vous mettre debout pour tendre convenablement les sangles et avec 50kg et plus sur le dos, ce n'est pas aisé.

Vous accrocher l'ordinateur du recycleur au poignet gauche (2 sangles, pas facile d'une main). Vous accrochez le parachute avec la bobine de fil de 50m. Vous accrochez éventuellement une lampe ...

Maintenant, cerise sur le gâteau, il vous faut accrocher le bloc de secours en aveugle car le gros tuyau annelé et les poches ventilatoires (faux poumons) masquent complètement la vue : les premières fois, c'est quasi impossible, il vous faut de l'aide. Vous voilà lesté d'une dizaine de kg de plus.

Puis viens le moment de démarrer l'ordinateur et de suivre la procédure : ouverture de l'oxygène et check, vérif. du bon fonctionnement des différentes valves, ouverture  du diluant et check, ouverture du bloc de secour et check, Ok ... l'ordinateur démarre sa procédure d'autotest ... pas de remise à zéro du timer ... pas de calibration ... ready to dive !

Bon, il n'y a plus qu'à mettre l'embout en bouche, respirer un moment pour se rassurer et amorcer la réaction chimique d'élimination du CO2, voir la ppO2 varier autour de 0.7, écouter le solénoïde injecter de l'oxygène, ... ok, il n'y a plus qu'à vous mettre à l'eau, sans la surveillance rassurante d'un moniteur, moment d'émotion ... ça y est vous y êtes et seul !

Rendez vous au mouillage.

Arrêt 5m, je rappelle à Marius que je dois faire un 360 pour détecter les fuites.  Pas de bulles, tout va bien.

La descente se poursuit le long de la chaîne d'ancre ... tout semble aller bien. Je voulais tester la procédure de passage sur la bouteille de secours, ... mais je n'ai pas le temps. La palanquée avance et je ne veux pas la retarder, mais j'ai une espèce de mauvaise conscience.

Je vérifie fréquemment tout ce que je peux vérifier, notamment je scrute la variation de la ppO2 sur les 3 cellules, et le bargraph indiquant l'activité de la chaux sodée. Tout va bien ...

Au bout d'un moment, finalement je passe en 1.3 : j'entends le bruit rassurant de l'injection d'oxygène, je lâche du gaz par le nez, la ppO2 s'équilibre progressivement à 1.3.

Il n'y a pas de courant, mais lesté comme je suis je peine à suivre Marius et son élève : les palmes Aqualung Strato sont trop souples pour la masse.

On descend lentement et finalement je me retrouve à -25m, je respire calmement, tout va bien.

Je me sent un peu engoncé dans mon recycleur, des tuyaux derrière tapent sur ma nuque et gênent mes mouvements de tête. Un moment je me demande si j'ai bien fait de prendre une stab XL sur le conseil d'Aldo, le modèle XXL aurait peut être été plus approprié.

On remonte lentement ... je décide de passer en 0.7 assez rapidement pour ne pas risquer de crever la surface. Prudence, prudence. Flush pour faire descendre rapidement la ppO2 à O.7. Ok !

On remonte toujours, je suis très attentif à toute tendance à remonter. Je purge la stab ... je suis étonné d'avoir une surpression du mélange respiratoire, mélange que je laisse s'évacuer par le nez et par la bouche  ... en fait la valve automatique des faux poumons est restée fermée !!! Mais je ne le comprendrai qu'après coup. Comme quoi il tous les réflexes ne sont pas en place.

Je suis suffisamment lesté pour compenser cet incident et je purge les faux poumons manuellement.

Tout se passe bien, je suis en surface, direction le pneu à l'ancre non loin de là.

Maintenant il faut remonter sur le pneu. Pas question de remonter directement à la petite échelle instable appuyée sur le boudin modérément gonflé ... il faut décapeler. Là j'ai un moment de flottement ... comment faire ?

D'abord gonfler la stab pour éviter de voir couler le recycleur lesté comme il est, ensuite fermer et lâcher l'embout, respirer sur le détendeur du direct system de la stab, tout en s'agrippant au pneumatique pour ne pas dériver. Je fais des efforts pour décapeler (ne pas oublier de détacher l'ordi du poignet gauche !), je m'agite pas mal quand tout à coup je sens que j'ai du mal à respirer.

Je suis en mauvaise posture, avec mon recycleur à moitié décapelé, accroché d'une main au pneumatique, et avec l'autre essayant de me défaire des sangles, sans trop pouvoir respirer. Comme d'habitude personne ne s'intéresse à ce qui se passe, aucun coup de main à attendre. Je m'essouffle, je voudrais bien utiliser l'échelle pour me poser, mais celle-ci est occupée par un blaireau en grande discussion sur l'icelle. Finalement il finit par comprendre qu'il n'est pas seul et laisse la place. Je peux enfin me libérer du scaphandre et c'est un peu énervé que je remonte sur le pneumatique.

Je tente une remontée du recycleur, plombs et bloc de déco : trop lourd, surtout plein d'eau, je sens que je vais me faire mal si je force trop. Il me faut enlever le bloc de secours, les deux poches à plomb, et les 4 kg de plomb en tête pour remonter finalement la bête.

J'éteins l'ordinateur, je ferme la bouteille d'oxygène, puis la bouteille de diluant ... je n'ai même pas un quart de tour à faire, elle était presque fermé ... damned ! Je comprends pourquoi j'avais du mal à respirer sur le direct system.

Il faut absolument penser à refermer les bouteilles après la calibration. D'autre part, plus j'y pense plus je crois que c'est une mauvaise habitude de refermer d'un quart de tour le robinet de la bouteilles de diluant ... si on fait ça on ne sait pas si la bouteille est ouverte ou fermée. La preuve.

 

 

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